L’artisanat
curieux
Photographier, c’est un peu comme écouter
le surgissement d’un silence en musique. Ce silence qui peut
dire beaucoup, révéler à foison ; et attiser
une surprenante relation avec l’invisible.
L’insaisissable, alors se déploie sur
les images. La musique, ineffable plutôt qu’indicible,
est représentée.
Puis il y a le temps, celui de l’Histoire
qui nourrit l’infini.
Photographier, c’est aussi interpréter
ou créer avec un langage condensé : cadrage, lumière,
mouvement.
Et, incidemment, donner à voir le sujet.
Ici et maintenant Pierre Boulez. Pourquoi ? Parce
que Gustav Mahler, Arnold Schoenberg ou Igor Stravinsky !
Parce que, dans mon espace temporel, Pierre Boulez,
le compositeur, le chef d’orchestre, l’icône culturelle
est fondamental. Et si la photographie peut aider à la transmission
de valeurs, autant que ce soient celles de la culture, de l’art
et de la musique.
5 diptyques photographiques résumant un parcours
seront présentés.
Regardez, lisez et… écoutez.
Philippe Gontier
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Le compositeur
Il étudie les mathématiques et la
musique à Lyon. En 1942, il est l'élève d'Andrée
Vaurabourg (femme d'Arthur Honegger) et d'Olivier Messiaen au Conservatoire
de Paris qu'il quitte avec fracas pour aller étudier le sérialisme
avec René Leibowitz. Parmi ses premiers travaux se trouvent
ses cantates Le Visage nuptial et Le Soleil des eaux ainsi que la
2e sonate pour piano (1948) écrite à 23 ans, et qui
reçut un bon accueil.
En 1948, il est directeur musical du Théâtre
Marigny et en 1954, sa programmation d'avant-garde va devenir le
Domaine musical. Il compose en utilisant les principes du sérialisme,
généralisé au début des années
50 à d'autres paramètres que les hauteurs, comme dans
le 1er livre des Structures en 1951, ou dans Polyphonie X. Mais
son langage s'assouplit et en 1954, Le Marteau sans maître,
appuyé sur des poèmes de René Char, n'applique
déjà plus un sérialisme strict.
Bien qu'il soit abusif de parler de composition
aléatoire, il introduit une part de hasard dans ses œuvres
dès 1957 dans sa 3e sonate pour piano, en laissant à
l'interprète le choix d'interpréter ou non certains
fragments, ou de changer leur ordonnance. Dans de nombreuses compositions,
il va mettre en musique des poètes français tels Mallarmé,
Char ou Michaux.
En 1960, il commence Pli selon pli et Figures-Doubles-Prismes.
En 1963 il présente à la Biennale de Paris " Etude
I ". En 1969 il fonde l'IRCAM, une institution spécialisée
dans la recherche et l'application des technologies numériques
à la musique et à l'acoustique qu'il dirige jusqu'en
1991. En 1976, il prend en charge l'Ensemble intercontemporain.
Il est influent pour la réalisation de la Cité de
la musique à Paris.
Le chef d'orchestre
Durant toutes ces années, il est un grand
pédagogue, à Darmstadt de 1955 à 1967, et à
l'université de Harvard.
Il est un des très grands chefs d'orchestre
de son temps, même si ses interprétations ont parfois
suscité des polémiques. En 1958, avec l'orchestre
de la Südwestfunk de Baden-Baden (où il réside
depuis plus de cinquante ans), avec l'Orchestre de Cleveland en
1967, l'Orchestre symphonique de la BBC de 1971 à 1975, l'Orchestre
philharmonique de New York de 1971 à 1978, et l'Orchestre
symphonique de Chicago en 1995, il va entreprendre une discographie
très personnelle et sélective.
Son répertoire de prédilection est
celui de son siècle, de Mahler jusqu'aux compositions de
ses collègues contemporains, de Stockhausen à György
Ligeti. Boulez est particulièrement connu pour ses interprétations
du répertoire du début du XXe siècle, Claude
Debussy, Maurice Ravel, Gustav Mahler, Arnold Schönberg, Igor
Stravinski, Béla Bartók, Anton Webern et Edgard Varèse.
En 1976, il est invité à diriger la
Tétralogie de Wagner à l'occasion du centenaire de
sa création, au Festival de Bayreuth, représentations
qui feront date, avec la mise en scène de Patrice Chéreau.
Après les saisons de 1967/1968 et 1970, il revient à
Bayreuth en 2004 pour diriger Parsifal dans la mise en scène
controversée de Christoph Schlingensief. En 1984, il collabore
avec Frank Zappa et dirige l'Ensemble Intercontemporain pour l'exécution
de trois compositions du guitariste.
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