| Utratopie Aventure 
              est une installation que présente le groupe Dix10 à 
              la galerie Le cabinet d’amateur. Est exposée une suite 
              de peintures sur zinc marouflé sur bois figurant les instruments 
              et accessoires utiles au séjour dans le territoire de l’ultratopie. Ultratopie Aventure Ultratopie, néologisme que nous proposons, 
                est un espace réel et mobile qui accueille dans le paisible 
                de son étendue un « par-delà le bien et le mal 
                » où l’humanisme qui a produit notre monde moribond 
                a été tout simplement congédié. Jusqu’à 
                la catastrophe avérée de la « Shoah », 
                l’humanisme aujourd’hui fort compromis, charriait son 
                lot polymorphe d’ignominies et de désastres. L’idiosyncrasie 
                qu’il véhicule encore se montre sous la forme moribonde 
                et grotesque d’une contorsion inénarrable. Si la bouffonnerie 
                semble d’abord l’emporter sur l’affliction, la 
                consternation finalement nous envahit et nous atterre.  La crise majeure qu’il nous faut envisager 
                aujourd’hui fait déjà venir à l’esprit 
                de beaucoup d’entre nous le mot Dystopie qui signifie précisément : 
                évocation de l’entier du catastrophique. Chaque jour, 
                nous vivons un peu plus dans un contexte social où les techniques 
                de contrôle largement amplifiées par la révolution 
                cybernétique intensifient leur emprise. Ce lieu de la raréfaction 
                des libertés individuelles et de l’augmentation exponentielle 
                des avanies de toutes sortes aura bientôt établi un 
                monde où l’être humain privé de toutes 
                initiatives sera complètement soumis aux machines. Le réel 
                « topique » qui nous est promis pour demain sera bien 
                prêt à ressembler alors à une fiction dystopique. 
                En opposition et continuation de l’Utopie, genre de fiction 
                qui décrit par le menu une société évoluant 
                de façon idéale et qui jusqu’à nous n‘a 
                pas été mise à l‘essai, la Dystopie est 
                une fiction qui narre une tentative isolée de résistance 
                à un monde imaginaire donné comme le meilleur car 
                entièrement sous surveillance. Là, dans la fiction 
                nous avons en Utopie un énorme a priori synthétique 
                qui gouverne le monde de façon totalitaire en s’appuyant 
                sur une répression autoritaire dans le même temps que 
                la Dystopie, mince a posteriori analytique, produit une narration 
                où une poignée d’irréductibles résistent 
                en construisant par l’entraide et la connivence le monde du 
                commun.  En Ultratopie, l’idéalité asphyxiante 
                de la description qui montre l’utopie et l’idéalité 
                déliquescente de la narration qui déploie la dystopie 
                sont laissées pour installer dans le présent de l’instant, 
                l’énonciation actualisée d’une contingence 
                intuitionniste venant ouvrir une spatialité matérialisante 
                indéterminée et mobile. En Ultratopie, le sol d’un territoire et l’idée 
                d’un monde n’ont pas lieu d’être et s’il 
                est bien là une ère pour l’accueil, nous la 
                nommons « attention compagnonne ». Là, c’est 
                l’attention à l’autre se soutenant d’une 
                intention pour soi qui ouvre l’éclaircie achevée 
                d’une « isotes » où l’accueil de 
                l’autre vient à coïncider avec le recueil de soi.  En Ultratopie, il n’est plus question de résistance 
                et ce qui insuffle est bien plutôt une insistance à 
                énoncer avec les moyens de la matérialité spiritualisante 
                de l’art, l’effective présence d’une « 
                isonomie » diffusant au-devant d’elle son signal à 
                l’enseigne du « Prodige ».  Dix10 / Juillet 2009 Historique Dix10 Le groupe Dix10 a été constitué 
                en 1982 par JJ Dow Jones et Roma Napoli. Nous sommes fédérés 
                sous forme d’isonomie comme choix d’une entité 
                collective. Notre première intervention se situe en 1982 
                lors d’une présentation au Cirque d’hiver par 
                le magazine Actuel des « cent coups de génie », 
                leur sélection de cent artistes correspondant à ce 
                critère. Nous avions alors monté un spot publicitaire 
                joué en live où un crooner chantait la chanson niaise 
                correspondant à l’emploi « Nous sommes les esquimaux 
                tout beau, tout beau », c’est-à-dire passer ensuite 
                vendre dans les rangs des esquimaux Dix10 (peinture représentant 
                des esquimaux) au prix d’un vrai esquimau c’est-à-dire 
                à l’époque 1 franc. Pour notre deuxième intervention à 
                Paris en janvier 1983 « Le premier super marché d’art 
                » établi sur le même principe, nous avons présenté 
                dans les meubles spécifiques, 4 000 peintures représentant 
                des produits de consommation courante, avec animateurs de vente, 
                caisse enregistreuse et musique d’ambiance. En une semaine, 
                le stock fut quasi épuisé. C’est ce principe de pousser l’évidence 
                jusqu’à l’absurde, pour autant qu'on s'engage 
                à le dépasser, que nous appliquerons durant les 25 
                années depuis la fondation du groupe. Cependant, ce principe ne propose pas de l’art 
                pas cher. Il change les codifications et nous donne une extrême 
                liberté de créer dans des cadres qui sont les nôtres 
                et qui reflètent une spécificité formelle. Ainsi nous avons en 1984 exposé notre Joconde 
                nommée « Œuvre Inestimable ». une seule 
                œuvre vendue au prix de 1 milliard de dollars. Les visiteurs 
                pouvaient cependant s’offrir la carte postale comme au musée. La représentation picturale d’une œuvre 
                Dix10 est une trilogie. La représentation plastique d’un objet, 
                sa représentation écrite et le signe 10/10 qui fait 
                office de signature. Ces trois éléments combinés 
                sont les signes de reconnaissance d’une œuvre Dix10. 
                Car la forme et le style s’adaptent à la thématique 
                de chaque intervention et n’ont aucun rapport avec une évolution 
                plastique dans le temps. Chaque intervention est le rebond de notre questionnement 
                vis-à-vis de ce que nous considérons comme actualité. 
                Cela peut-être l’air du temps, comme l’installation 
                d’un étal de muguet pour le premier mai, ou le Paradis 
                des jouets en décembre ; ou une position plus particulièrement 
                « politique » comme « interdit d’interdire » 
                thématique de la censure. 
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