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18.03.2008 > 30.03.2008

Photographismes
Jean Baptiste Blom

Exposition du 18 mars au 30 mars 2008
vernissage le jeudi 20 mars 2008 à partir de 19 heures

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Né à Bruxelles en 1954, il arrive en France en 1963. Il étudie les arts graphiques au London College of Printing et à la Rhode Island School of Design aux USA. Il y rencontre le photographe Aaron Siskind. Jean Baptiste Blom a travaillé pour Robert Delpire, rencontré Henri Cartier-Bresson et fondé avec Juliette Weisbuch l’atelier de création graphique Polymago, lauréat de plusieurs concours internationaux. Depuis 1997, il travaille en tant qu’auteur indépendant.

Entre solitude hautaine, repli romantique et dialogue périlleux, mise en risque du partage, entre profondeur et fast-thinking, Jean Baptiste Blom choisit.

Il explore des manières de montages [l’exigence du final-cut]. Il construit des assemblages capables de satisfaire les donneurs d’ordre quand ils possèdent le talent auquel doit accéder tout public qui attend des saltimbanques qu’ils prodiguent le meilleur d’eux-mêmes. De ces rapprochements, de ces collages, procède l’émergence d’un « tiers-sens ».

Jean-Pierre Grunfeld
Extrait du livre, Déplacements, Ed. Le Passage, 2004

Blom découpe le réel, fragmente la nuit son travail de la journée, sa tapisserie de Pénélope... Travail éminemment pictorialiste, qui donne naissance à des triptyques comme ces « Fils de la mémoire » que l’on ne sait comment lire et prononcer, des enfants échappés de sa tapisserie. Parfois, il peint vraiment, pour fixer sur la pellicule les éclaboussures rouges de sa « Peinture fraîche ». Il se livre à une cuisine qu’il baptise « cuisine des sentiments », même si de ses sentiments, il ne nous livre rien que le jaune d’un œuf cassé, comme dans le Traité de la peinture de Cennino Cennini. Les recettes les plus anciennes de l’histoire de la peinture coexistent joyeusement avec les images modernes, sans prétention aucune, sans discours qui pèse ou qui pose. Blom ne se prend pas au sérieux, quand il détourne les codes publicitaires pour les mixer avec ceux de l’art du papier peint, de la petite robe imprimée ou des hauts retables de la Renaissance florentine...

Adrien Goetz
Extrait du livre, Déplacements, Ed. Le Passage, 2004

Un art du contexte

Depuis plus de quinze ans on assiste à une révolution quasi permanente des moyens informatiques qui touchent l’ensemble des arts plastiques. Mais on peut dire, heureusement, que dans le champ du graphisme, les fondamenteaux restent inchangés.

Il s’agit en tant qu’enseignant, non seulement de transmettre une expérience qui, concernant ma génération, est riche de complexité et de diversité technique (et artistique) : de l’expérience de la typo au plomb, aux techniques d’impressions telles que lithographie, sérigraphie, offset, ou celles de la photographie et de l’informatique, toutes acquises dans mon cas. Mais il est nécessaire aussi de ramener l’ensemble de ces savoirs-faire à ce qui les stimule, à savoir la création et son contexte.

Cette précision pour introduire le fait que, si il est inconditionnel de maîtriser un ensemble de techniques, de les enseigner en connaissance de cause, en insistant sur une logique d’usage, il convient aussi de resituer la pratique du graphisme et son objet dans un champ plus large que celui de l’outil informatique et ses dérivées.

D’autant qu’il existe aujourd’hui une grande porosité entre différentes formes d’expressions plastiques, dont le graphisme. Pour l’enseigner comme pour le pratiquer peut-être faut-il régulèrement redefinir ce qui le fonde ? En avoir une vision et la partager avec des élèves qui auront non seulement à pratiquer ce métier mais aussi à le faire évoluer.

Le graphisme doit s’entendre comme une pratique de «design de l’information» qui repose nécessairement sur l’analyse de «contenus», sur la compréhension de «contextes» et sur l’expression de «connaissances». La «communication» étant la procédure d’application de ce design. La tradition humaniste à laquelle le graphisme était profondément ancré par le livre, n’est plus de mise aujourd’hui.

Et selon qu’il s’adapte à la mode, à la publicité, à l’édition, etc... Le graphisme ne répond pas aux mêmes exigences. On peut s’interroger en tant qu’enseignant sur ce qui détermine ces différentes pratiques afin de mieux orienter les étudiants...

Le graphisme ne pourraît-il pas aujourd’hui revendiquer une singularité dans le travail de médiation sociale, culturelle, politique et commerciale opéré par le graphiste et son commanditaire. D’avancer la possibilité d’un graphisme d’auteur en antithèse à l’infographie, de mieux en mieux servie par la technologie même.

Pour orienter cette possible hypothèse, j’ose cette citation en la paraphrasant : ... calligrammes d’Appolinaire, tableaux-partitions... à la Klee, typographie à la Rodtchenko, poêmes-objets du surréalisme,etc. Tous ces cas mettent en œuvre une idée de la surface strictement opposée au paradigme moderniste : la surface n’y est pas la gardienne de la pureté de l’art... Elle est au contraire une surface d’échange ou les procédures et les matérialités glissent les unes sur les autres, ou les signes deviennent des formes et les formes deviennent des actes. Les formes de l’art ne se distinguent pas des propositions du langage. Elles ne se distinguent pas, non plus, en dernières instance des formes de construction de la vie «non artistique». Jacques Rancière, l’espace des mots. De Mallarmé à Broodthaers. Musée des Beaux-Arts de Nantes.

Cette «vie non artistique», cette vie quotidienne, éphémère et problématiquement urbaine, n’est-elle pas le canevas à partir duquel aujourd’hui se déploierait le design graphique en ce qu’il cherche à atteindre et à répondre aux attentes du citoyen. Chacun étant par ailleurs citoyen et consommateur. La ville semble avant tout le théâtre/la surface qui résiste, tout en l’incorporant, à l’uniformité marchande. Certes, le graphisme répond aussi aux besoins de la publicité, qui fait part de la ville, mais l’étonnement du flaneur baudelairien s’est bien érodé et rares sont les exemples d’annonces ,alors miraculeuses, d’une poétique du quotidien.

C’est dans ce contexte que les étudiants seront amenés à exercer. S’appuyer uniquement sur «le petit monde illustré du graphisme» est facile; mâitriser ses outils informatiques, nécessaire; agir et conçevoir dans un contexte donné, un métier. Enfin, nous faisons partie de réseaux de professionnels, d’écoles, de cultures qui dépassent les frontières auxquels les étudiants doivent aussi être exposés. Un projet pédagogique qui conjugue l’infiniement intime et le plus largement collectif...

Jean Baptiste Blom

Publication

DÉPLACEMENTS
Photographismes 1998/2004
Jean Baptiste Blom
Editions Le Passage/Le Seuil

Déplacements (1998-2004) est le livre d’un auteur, graphiste et photographe dont l'objet est le photographisme. S’inscrivant dans une tradition de la photographie plasticienne, du Bauhaus, en passant par Man Ray, Aaron Siskind, Roman Cieslewicz ou Richard Hamilton, Jean Baptiste Blom poursuit ce travail, entre graphisme et photographie. Les sujets et les thèmes qu'il aborde résultent tout autant de commandes qui lui sont confiées que de son travail de studio. Il s’agit même de ne pas y voir de différences, d’où le titre, Déplacements.

Cet ouvrage est accompagné de trois textes : un entretien de Romain Lacroix, responsable de la revue parlée et des débats sur le graphisme et l’architecture au Centre Georges Pompidou, un texte de Jean-Pierre Grunfeld, sémiologue urbain, un texte d’Adrien Goetz, écrivain et historien de l’art.

 

 

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