Né à
Bruxelles en 1954, il arrive en France en 1963. Il étudie
les arts graphiques au London College of Printing et à la
Rhode Island School of Design aux USA. Il y rencontre le photographe Aaron Siskind.
Jean Baptiste Blom a travaillé pour Robert Delpire, rencontré
Henri Cartier-Bresson et fondé avec Juliette Weisbuch l’atelier
de création graphique Polymago, lauréat de plusieurs
concours internationaux. Depuis 1997, il travaille en tant qu’auteur
indépendant.
Entre solitude hautaine, repli romantique et dialogue
périlleux, mise en risque du partage, entre profondeur et
fast-thinking, Jean Baptiste Blom choisit.
Il explore des manières de montages [l’exigence
du final-cut]. Il construit des assemblages capables de satisfaire
les donneurs d’ordre quand ils possèdent le talent
auquel doit accéder tout public qui attend des saltimbanques
qu’ils prodiguent le meilleur d’eux-mêmes. De
ces rapprochements, de ces collages, procède l’émergence
d’un « tiers-sens ».
Jean-Pierre Grunfeld
Extrait du livre, Déplacements, Ed. Le Passage, 2004
Blom découpe le réel, fragmente la
nuit son travail de la journée, sa tapisserie de Pénélope...
Travail éminemment pictorialiste, qui donne naissance à
des triptyques comme ces « Fils de la mémoire »
que l’on ne sait comment lire et prononcer, des enfants échappés
de sa tapisserie. Parfois, il peint vraiment, pour fixer sur la
pellicule les éclaboussures rouges de sa « Peinture
fraîche ». Il se livre à une cuisine qu’il
baptise « cuisine des sentiments », même
si de ses sentiments, il ne nous livre rien que le jaune d’un
œuf cassé, comme dans le Traité de la peinture
de Cennino Cennini. Les recettes les plus anciennes de l’histoire
de la peinture coexistent joyeusement avec les images modernes,
sans prétention aucune, sans discours qui pèse ou
qui pose. Blom ne se prend pas au sérieux, quand il détourne
les codes publicitaires pour les mixer avec ceux de l’art
du papier peint, de la petite robe imprimée ou des hauts
retables de la Renaissance florentine...
Adrien Goetz
Extrait du livre, Déplacements, Ed. Le Passage, 2004
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Un
art du contexte
Depuis plus de quinze ans on assiste à une
révolution quasi permanente des moyens informatiques qui
touchent l’ensemble des arts plastiques. Mais on peut dire,
heureusement, que dans le champ du graphisme, les fondamenteaux
restent inchangés.
Il s’agit en tant qu’enseignant, non
seulement de transmettre une expérience qui, concernant ma
génération, est riche de complexité et de diversité
technique (et artistique) : de l’expérience de la typo
au plomb, aux techniques d’impressions telles que lithographie,
sérigraphie, offset, ou celles de la photographie et de l’informatique,
toutes acquises dans mon cas. Mais il est nécessaire aussi
de ramener l’ensemble de ces savoirs-faire à ce qui
les stimule, à savoir la création et son contexte.
Cette précision pour introduire le fait que,
si il est inconditionnel de maîtriser un ensemble de techniques,
de les enseigner en connaissance de cause, en insistant sur une
logique d’usage, il convient aussi de resituer la pratique
du graphisme et son objet dans un champ plus large que celui de
l’outil informatique et ses dérivées.
D’autant qu’il existe aujourd’hui
une grande porosité entre différentes formes d’expressions
plastiques, dont le graphisme. Pour l’enseigner comme pour
le pratiquer peut-être faut-il régulèrement
redefinir ce qui le fonde ? En avoir une vision et la partager avec
des élèves qui auront non seulement à pratiquer
ce métier mais aussi à le faire évoluer.
Le graphisme doit s’entendre comme une pratique
de «design de l’information» qui repose nécessairement
sur l’analyse de «contenus», sur la compréhension
de «contextes» et sur l’expression de «connaissances».
La «communication» étant la procédure
d’application de ce design. La tradition humaniste à
laquelle le graphisme était profondément ancré
par le livre, n’est plus de mise aujourd’hui.
Et selon qu’il s’adapte à la
mode, à la publicité, à l’édition,
etc... Le graphisme ne répond pas aux mêmes exigences.
On peut s’interroger en tant qu’enseignant sur ce qui
détermine ces différentes pratiques afin de mieux
orienter les étudiants...
Le graphisme ne pourraît-il pas aujourd’hui
revendiquer une singularité dans le travail de médiation
sociale, culturelle, politique et commerciale opéré
par le graphiste et son commanditaire. D’avancer la possibilité
d’un graphisme d’auteur en antithèse à
l’infographie, de mieux en mieux servie par la technologie
même.
Pour orienter cette possible hypothèse, j’ose
cette citation en la paraphrasant : ... calligrammes d’Appolinaire,
tableaux-partitions... à la Klee, typographie à la
Rodtchenko, poêmes-objets du surréalisme,etc. Tous
ces cas mettent en œuvre une idée de la surface strictement
opposée au paradigme moderniste : la surface n’y est
pas la gardienne de la pureté de l’art... Elle est
au contraire une surface d’échange ou les procédures
et les matérialités glissent les unes sur les autres,
ou les signes deviennent des formes et les formes deviennent des
actes. Les formes de l’art ne se distinguent pas des propositions
du langage. Elles ne se distinguent pas, non plus, en dernières
instance des formes de construction de la vie «non artistique».
Jacques Rancière, l’espace des mots. De Mallarmé
à Broodthaers. Musée des Beaux-Arts de Nantes.
Cette «vie non artistique», cette vie
quotidienne, éphémère et problématiquement
urbaine, n’est-elle pas le canevas à partir duquel
aujourd’hui se déploierait le design graphique en ce
qu’il cherche à atteindre et à répondre
aux attentes du citoyen. Chacun étant par ailleurs citoyen
et consommateur. La ville semble avant tout le théâtre/la
surface qui résiste, tout en l’incorporant, à
l’uniformité marchande. Certes, le graphisme répond
aussi aux besoins de la publicité, qui fait part de la ville,
mais l’étonnement du flaneur baudelairien s’est
bien érodé et rares sont les exemples d’annonces
,alors miraculeuses, d’une poétique du quotidien.
C’est dans ce contexte que les étudiants
seront amenés à exercer. S’appuyer uniquement
sur «le petit monde illustré du graphisme» est
facile; mâitriser ses outils informatiques, nécessaire;
agir et conçevoir dans un contexte donné, un métier.
Enfin, nous faisons partie de réseaux de professionnels,
d’écoles, de cultures qui dépassent les frontières
auxquels les étudiants doivent aussi être exposés.
Un projet pédagogique qui conjugue l’infiniement intime
et le plus largement collectif...
Jean Baptiste Blom
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Publication
DÉPLACEMENTS
Photographismes 1998/2004
Jean Baptiste Blom
Editions
Le Passage/Le Seuil
Déplacements (1998-2004) est le livre d’un
auteur, graphiste et photographe dont l'objet est le photographisme.
S’inscrivant dans une tradition de la photographie plasticienne,
du Bauhaus, en passant par Man Ray, Aaron Siskind, Roman Cieslewicz
ou Richard Hamilton, Jean Baptiste Blom poursuit ce travail, entre
graphisme et photographie. Les sujets et les thèmes qu'il
aborde résultent tout autant de commandes qui lui sont confiées
que de son travail de studio. Il s’agit même de ne pas
y voir de différences, d’où le titre, Déplacements.
Cet ouvrage est accompagné de trois textes
: un entretien de Romain Lacroix, responsable de la revue parlée
et des débats sur le graphisme et l’architecture au
Centre Georges Pompidou, un texte de Jean-Pierre Grunfeld, sémiologue
urbain, un texte d’Adrien Goetz, écrivain et historien
de l’art.
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