Sur la terre comme au ciel
C’est sans attente particulière, chinant sur les quais de Seine, dans le quartier des bouquinistes de l’île de la Cité, que je feuilletais un bac de cartes postales anciennes.
J’y découvris une vue de la place de la Concorde au siècle dernier. De manière inattendue, les hiéroglyphes de l’obélisque de Louxor, évanescentes, étaient recouvertes de traces rupestres, échos d’un art ancestral aborigène, invitant au temps du rêve…
Un songe propice à me remémorer les lignes de vie murales aperçues lors de l’une ou l’autre déambulation urbaine. Intrigué, je consultais le verso de la carte et y découvrais cette énigmatique correspondance…
Cher compagnon
Je voulais par ces quelques mots te dire le bonheur du chemin partagé ces dernières années.
Pardonne mon audace, ma familiarité, mais je tutoie les gens que j’aime.
Je suis venu à ta rencontre inopinément, sans crier gare, te lancer quelque œillade malicieuse, toujours bienveillante, craie hâtive et toujours respectueuse...
Toi, tu m’as offert le reflet-miroir de la foi profondément ancrée en moi, celle d’une complicité, d’un partage, et bien plus encore, celle d’une harmonie qui nous réunirait toi, moi et l’œuvre, en parfaite trinité.
Tant de fois tu es venu me chuchoter la précieuse simplicité et la subtile spiritualité de mes arabesques, me confier le partage de leur troublante fragilité...
Je te propose aujourd’hui de réaliser œuvre commune, d’entrer en osmose avec cette carte postale, lestée d’une vie antérieure, actualisée en œuvre contemporaine collective. Puis de la disperser par l’énergie d’un zéphyr complice, vers une destinée léguée au camarade Hasard.
Jordane
J.-L.H. p/o J.S. |